L’AVIS DU LIBRAIRE

 

L'exemplaire du critique d'art Charles Estienne

[THOMAS (Colette)] RENÉ

Le Testament de la fille morte

Paris, Gallimard, 1954

18,7 x 12 cm, cartonnage à la Bradel, pièce de titre, couverture et dos conservés (reliure signée Boichot), 217 pp., 3 ff. n. ch.

Édition originale.

Exemplaire du SP (après 35 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Bel envoi autographe signé de l'autrice : "A Charles Estienne un / livre qui lui rappelera (sic) / peut-être une voix qu'il / entendit et qui lui plût / - autrefois ! / René".

Cartonnage moderne à la Bradel signé de Boichot.

Rare avec envoi. Belle provenance.

Provenance : Charles Estienne (envoi), R.-J. Seckel

Défenseur des peintres abstraits de la nouvelle École de Paris et promoteur de l'abstraction lyrique, Charles Estienne (1908-1966), occupa une place majeure dans la critique d'art des années 50, publiant des articles retentissants dans Combat-Art. Parmi les nombreux galeristes qu'il fréquenta figure Pierre Loeb, fondateur et directeur de la Galerie Pierre, où fut organisée en juillet 1946 une exposition de dessins et portraits d'Antonin Artaud.

Il eut à cette occasion la possibilité de rencontrer le poète, comme il avait déjà pu entendre Colette Thomas, qui figurait parmi les intervenants, à l'occasion de l'Hommage à Antonin Artaud le 7 juin 1946 au Théâtre Sarah Bernhardt, et Antonin Artaud seul sur scène pour sa Conférence du 13 janvier 1947 au théâtre du Vieux-Colombier. Le verbe plaire dans l'envoi excluant qu'il s'applique à la voix d'Artaud, mais bien à la sienne propre, Colette Thomas fait donc référence à la présence de Charles Estienne à la première ou (inclusif!) à la troisième de ces manifestations de soutien au rescapé d'une déréliction de huit années.

Le Testament de la fille morte est l'unique livre, paru sous le pseudonyme de René, de Colette Thomas, qui fut le témoin silencieux et l’ange chaste d'Antonin Artaud, rencontré par l'entremise de son mari, Henri Thomas, lors d'une visite à l'asile de Rodez.

Artaud la considérait comme "la plus grande actrice que le théâtre ait vue, c'est le plus grand être de théâtre que la terre ait eu" et fit plusieurs portraits d'elle au crayon.

Après sa séparation d'avec son mari et le décès d'Artaud, sujette à des troubles psychiatriques, elle sombrera dans une sorte de nuit mentale jusqu'à sa mort en 2006.

1 200 €