HUGO (Victor)

Les Misérables

Paris, Pagnerre [A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie], 1862

10 vol. in-8 (23,4 x 15,5 cm), demi-chagrin aubergine à coins sertis d’un filet doré, dos lisses ornés, auteur, titre, tomaison et titre des parties dorés, têtes dorées, non rognés, plats de couvertures conservés (reliure du temps), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), II pp. (Préface), 1 f. n. ch. (autre faux-titre), 351 pp., 1 f., pp. [353] -355 (Tome I, Première partie - Fantine I), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 382 pp. (Tome II, Première partie - Fantine II), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 358 pp. (Tome III, Deuxième partie - Cosette I), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 318 pp. (Tome IV, Deuxième partie - Cosette II), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 320 pp. (Tome V, Troisième partie - Marius I), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 297 pp., 1 f. blanc (contrecollé sur le feuillet de garde) (Tome VI, Troisième partie - Marius I), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 432 pp. (Tome VII, Quatrième partie - L'Idylle rue Plumet et l'épopée sur Saint-Denis, I), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 399 pp. (Tome VIII, Quatrième partie - L'Idylle rue Plumet et l'épopée sur Saint-Denis, II), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 400 pp. (Tome IX, Cinquième partie - Jean Valjean, I) et 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 311 pp. (Tome X, Cinquième partie - Jean Valjean, II)

Édition originale parisienne de ce chef-d'œuvre de la littérature universelle.

« Depuis Les Misérables (1862) jusqu'à la fin de l'Empire, les œuvres originales de Victor Hugo ont été simultanément publiées à Paris et à Bruxelles, et [...] c'est toujours l'édition française qui doit être considérée comme l'édition originale, [l'auteur] ne corrigeant que les épreuves de cette édition » (Vicaire, IV, 328-329)

Un des rares exemplaires sur papier vergé de Hollande (seul grand papier outre quelques ex. sur papier vert).

Notons que l'édition belge ne fit pas l'objet de tirage en grand papier. 

Exemplaire enrichi de :
- 23 photographies originales (sur 25) des dessins de Gustave Brion illustrant Les Misérables, tirées sur papier albuminé, chaque photo, portant le cachet (noir ou bleu) de Brion sur le montage, étant appliquée sur papier de Chine et contrecollée sur papier fort, et
- 20 gravures sur acier exécutées par Outhwaite, constituant la suite complète d’illustration des Misérables, d’après de Neuville et Castelli, en premier tirage ("Imp. de Drouart, 11 rue du Fouarre à Paris"), imprimées sur Chine doublé.
- Une épreuve supplémentaire, de la gravure de cette suite titrée « Jean Valjean chez Thénardier », imprimée avant la lettre sur Chine appliqué.

« Victor Hugo souhaitait que la première édition de ses œuvres ne soit pas illustrée. Aussi, en 1862, devant le succès des Misérables, Gustave Brion eut l’idée de réaliser une illustration indépendante. Il produisit ainsi vingt-cinq dessins, entre avril et juillet, qu’il fit reproduire en photographies, s’associant avec Faucheur et Danelle. Vendues à la pièce ou en album, elles furent tirées et montées sur carton, en trois formats différents, dont les deux plus petits correspondaient à ceux des éditions belges et françaises […] permettant aux amateurs de les faire relier dans leurs volumes. S’arrachant à des milliers d’exemplaires, leur succès suscita la convoitise de l’éditeur du roman qui obtint un intéressement à l’affaire sous menace de la faire interdire. De son côté, Victor Hugo loua la qualité et la justesse des dessins de Brion (à l’exception des portraits de Fantine et de Javert). Cette première illustration créa véritablement les types visuels des personnages qui furent très souvent et durablement repris par la suite. » (Paris Musées).

On a conservé en tête du premier volume les 4 p. annonçant l’illustration photographique d’après les dessins de G. Brion (Paris, A. Faucheur, C. Danelle, Pagnerre, 1862) avec extraits de presse et liste des figures.

La première édition illustrée des Misérables sera publiée chez Jules Hetzel en 1865 avec deux cents dessins de Gustave Brion.

« Si ces années [1850] sont celles du poète inspiré, ce sont aussi celles de la reprise des Misères, fresque romanesque commencée en novembre 1845 et abandonnée après le 21 février 1848. De longues campagnes d’achèvement et de révision eurent lieu en 1860-1861. […] Les épreuves corrigées, le roman paraît à la fin de mars 1862 » (Roger Pierrot, En français dans le texte, p. 259).

Bel exemplaire, en dépit de quelques légères et rares rousseurs ou piqûres, anciennes restaurations aux plats de couverture des tomes III et IV, petite tache claire en marge de ff. du dernier volume, habiles et discrètes restaurations.

Rare et très recherchée en grand papier.

Vaste fresque historique de la France du milieu du XIXe siècle et vigoureux réquisitoire social, ce roman fut publié alors que Victor Hugo (1802-1885) était en exil à Guernesey. L'éditeur bruxellois Albert Lacroix était venu en acheter le manuscrit en 1861 pour la somme faramineuse de 300 000 francs alors même que le texte n'était pas encore achevé.

L'ouvrage parut quasi simultanément à Paris, Bruxelles, Leipzig, Londres, Milan, Madrid et jusqu'à Rio de Janeiro.

Il fut et demeure jusqu'aujourd'hui un immense succès d'édition.

Carteret, Romantiques, I, 421. Vicaire, IV, 328. En français dans le texte, n° 275.

18 000 €