MONTESQUIOU (Robert, de)

Les Hortensias bleus

Paris, Bibliothèque Charpentier, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1896

In-18 (18,3 x 12,5 cm), plein vélin à rabats à la Bradel, dos lisse portant le nom de l'auteur, le titre et la date calligraphiés en noir et au centre une fleur d'hortensia dessinée en bleu reproduisant celle figurant imprimée au dos de la couverture, couture apparente en tête et queue, couverture illustrée et dos conservés d'un seul tenant (reliure de l'époque), 3 ff. n. ch. (blanc, faux-titre, titre), 419 pp., 2 ff. n. ch.

Édition originale.

Un des 15 exemplaires sur papier de Hollande, seul grand papier, celui-ci portant le n° 5.

Très bel envoi autographe signé de l'auteur : « Delafosse est pareil à ce qui l’accompagne. / À la place du cœur il n’a qu’un piano. / Hernani. / [Les Hortensias bleus] / à / Léon Delafosse/ avec le don de/ Zothecæ ac Musicæ / et d’un harmonique sentiment / Comte Robert de Montesquiou ».

Exemplaire de choix, relié à l'époque, la belle couverture illustrée par Helleu conservée d'un seul tenant.

Provenance : Bibliothèque Léon Delafosse (envoi)

Compositeur et pianiste virtuose, Léon Delafosse (1874-1951), jeune éphèbe à la beauté troublante, fit la rencontre de Marcel Proust et de Robert Montesquiou alors qu'il avait à peine vingt ans, ne les laissant pas insensibles à ses charmes.

Tous deux l'aidèrent à se produire à de multiples reprises lors de soirées musicales privées.

Delafosse composa plusieurs mélodies sur des poésies de Montesquiou - Les Chauves-souris en 1895, Florales litanies en 1896 et Quintette de fleurs en 1897 - ainsi que sur un poème intitulé Mensonges de Marcel Proust, qui le surnommait l'Ange.

Delafosse apparaît dans « La Recherche » sous les traits de Morel, neveu de Jupien, amant de Charlus et familier du salon de Madame Verdurin.

Les treize poèmes de la section titrée Zothecæ ac Musicæ, numérotés LV à LXVII et occupant les pages 118 à 132 des Hortensias bleus, lui sont dédiés.

Plusieurs d'entre eux évoquent éminemment la musique.

Le long poème non titré (LX) de 44 vers en fournit un long portrait élogieux :

« Pianiste unomane, incroyable Vichy,
Virtuose unomane,
Depuis l'avoir ouï, j'ai souvent réfléchi
Au son qui, de tes doigts, coulait comme une manne

Aucuns Liszt, Rubinstein, aucuns Paderewskys,
ne me valent l'étrange
Son, qui sous ton long bras s'éparpillait exquis
Comme sous l'aviron qu'un effilé d'eau frange... »

6 800 €