[SIEFERT (Louisa)]

Album de 120 photographies

Circa 1860-1876

In-4 (30 x 23 cm), pleine basane brune à large décor losangé estampé à froid, dos à nerfs orné d’un décor analogue, tranches dorées, dentelle intérieure, doublure et gardes de moire rouge, 15 planches de carton fort avec 4 réserves de chaque côté formant au total 120 logements pour photographies de format carte de visite (environ 9 x 6 cm)

Précieux album familial, composé de 120 photographies au format carte-de-visite, en tirage d'atelier d'époque ou, pour une minorité d'entre elles en reproduction de gravures ou photographies, illustrant la vie familiale, sociale, amoureuse et artistique de Louisa Siefert.

Y figurent des portraits des membres de la famille Siefert, d'amis, d'écrivains et d'artistes auxquels Louisa était liée ou qu’elle admirait ainsi que quelques lieux familiers.

L'album constitué de photographies ayant, pour la plupart appartenu à la jeune poétesse, aurait été constitué par sa mère en souvenir de sa fille emportée prématurément par la phtisie en 1877, à l’âge de 32 ans.

Quatre-vingt cinq photographies sont annotées ou légendées, au crayon, de deux mains différentes.

Description des photographies :

1. Six portraits de Louisa Siefert

Quatre portraits à la robe noir à petits points blancs prises lors de la même séance de pose (dont deux épreuves identiques, l'une signée à l'encre par la poétesse), un portrait pris, d'après la légende, à Pau et le dernier en robe de soirée.

2. Portraits d'écrivains ou d'éditeur faisant partie des intimes

- Victor Hugo (2), dont un précieux portrait par Mathieu dédicacé par le poète : "A mademoiselle Louisa Siefert après avoir lu ses charmants vers Victor Hugo", évoqué par Lucien Scheler dans son article sur Louisa Siefert paru dans le Bulletin du Bibliophile, photographie qui fut adressée en remerciement de l'envoi de Rayons perdus, premier recueil poétique de Louisa Siefert paru chez Alphonse Lemerre en 1868.
- Théodore de Banville (3),
- Victor de Laprade (2),
- Ernest Renan,
- des Essarts (2),
- Émile Deschamps,
- Théophile Gautier,
- Charles Asselineau (3), 
- Joséphin Soulary,
- Alphonse Lemerre, éditeur de Louisa
- E. Castelar (dont Jocelyn Pène traduisit, avec l'aide de son épouse Louisa Siefert, L'Art, la religion, la nature en Italie).

3. Portraits familiaux et d'amis

- Olympe Belz, son grand-père maternel
- Julie Devillas, ou grand maman Belz (3),
- Jocelyn Pène, son époux,
- M. Pène, père, beau-père de Louisa,
- Henri Siefert, père de Louisa (2)
- Adrien Siefert, son frère (3)
- Adrien Siefert à côté d'une personne non identifiée
- Clémentine Bost, soeur de Louisa,
- Amanda Belz (2), soeur d'Olympe,
- Émilien Belz,
- Mme Émilien Belz,
- Georges Belz (2),
- Margu[erite] Belz,
- M. Ferrand (2),
- Mme Ferrand Holstein, tante Math,
- Renée Dietz-Ferrand,
- Pauline Waddington-Ferrand,
- Hélène Waddington-Ferrand,
- Lucien et Alice Ferrand,
- Prosper Holstein, frère de la tante Math,
- Mme Montgolfier (2), amie de Julie Devillas, qui fut élève de Liszt,
- M. Lantelme,
- Le docteur... d'Aix, dont Louisa fut amoureuse en 1861-1864,
- Mme de la Rochefoucault (3), amie rencontrée à Pau en 1872,
- M. de la Rochefoucault, duc de la Rocheguyon,
- Les 4 fils de la Rochefoucault,
- Pasteur Aeschiman, enfant, dont Louisa fut l'élève à Lyon,
- Pasteur Buisson, qui officia lors de la communion de Louisa en 1862 et la maria en 1876,
- Mme Lantelme,
- M. Chabrière,
- Mme Chabrière
- M. de la Mothe,
- M. Bizot de Genève, qui accueillit Louisa chez lui en 1870, à Genève et en Savoie,
- son médecin à Pau,
- M. Vaneechout, dont la famille été très liée à la grand-mère de Louisa,
- les enfants Vaneechout,
- Lucie Veyrin (épreuve annotée à l'encre par Louisa),
- Mme P. de Maguin de Crest,
- Mme Oberkampf,
- Mme Ch. Hulter,
- M. et Mme Auberjonois,
- Mme Pauline Auberjonois,
- Brölemann père.

4. Autres personnalités célèbres (hommes politiques, poètes, musiciens)

- Oscar, roi de Suède (photo dédicacée), admirateur de Louisa qui traduisit quelques poèmes tirés des Rayons perdus en suédois (notamment "Solitude" pour une revue de Stockholm),
- Cavour,
- Lincoln,
- Garibaldi.
- Thiers,
- Gambetta,
- Lamartine,
- Musset,
- Beethoven,
- Mozart.

5. Lieux

- Rochefort en Yvelines, chateau de la Rochefoucault où séjourna Louise
- Beau-Cèdre, Lausanne,
- Pompéi (2)
- Pau, où Louisa fit des cures en 1872 et 1873,
- 2 vues de bord de lac, très probablement du lac de Genève.

Une vingtaine de portraits restent à identifier. Parmi ceux-ci figurent sans doute le peintre Guichard, Paul Chenavard et Ch. Blanc ainsi qu'Élise Cardier, mme Chevreux et Henriette Hollard, rencontrées à Pau.

En fin d’album, reproduction de la gravure de Mayer représentant Rousseau herborisant avec une citation sur onglet, contrecollé :
"Nul de l’amour du bien ne fut plus animé et c’est avoir tout dit que de l’avoir nommé".

Mors fendus, marques d’usage, restaurations.

Provenance : Famille de Louisa Siefert, Lucien Scheler (qui possédait les archives de Louisa Siefert), Hubert Heilbronn (ex-libris)

Issue d’une famille protestante établie à Lyon, Louisa Siefert se fit connaître du monde littéraire dès la parution de son premier recueil de vers, Les Rayons perdus, en 1868. Liée à Charles Asselineau, elle entra grâce à lui en relation avec des écrivains tels que Victor Hugo, Banville, Leconte de Lisle, Michelet ou Sainte-Beuve. Arthur Rimbaud, le 25 août 1870, écrivait à son ami Izambard qu’il s’est procuré une édition des Rayons perdus, et citant un des poèmes du recueil : "C’est, aussi beau que les plaintes d’Antigone dans Sophocle". Le mariage de Louisa avec Jocelyn Pène, secrétaire d’Emilio Castelar, le premier président de la République espagnole, ne devait durer que quelques mois, la jeune femme étant emportée par la phtisie à l’âge de 32 ans.

Référence : Lucien Scheler. "Un poète oublié : Louisa Siefert" in Bulletin du Bibliophile, I, 1992.