RIBEMONT-DESSAIGNES (Georges)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

20 juillet [1957] au 30 novembre 1969

5 LAS (4 LAS au format in-4 formant un ensemble de 7 pp., 1 LAS in-12 de 3 pp.)

Correspondance composée de 5 lettres signées adressées à Maurice Nadeau.

Les deux premières lettres sont relatives une collaboration aux Lettres Nouvelles et la future publication de Déjà jadis ou du mouvement Dada à l'espace abstrait, témoignage de premier ordre sur le mouvement Dada qui paraîtra chez Julliard en mai 1958.

Dans la troisième, Ribemont-Dessaignes évoque la disparition des Lettres Nouvelles et se réjouit du lancement de la Quinzaine Littéraire dont il est un lecteur assidu.

Dans les deux dernières, il est question d'une réédition de Déjà jadis, dans une version augmentée de 2 chapitres à la NRF, édition qui ne vit pas le jour. Dans la dernière, Ribemont-Dessaignes propose des poèmes pour publication dans les Lettres Nouvelles.

LAS : "Saint-Jeannet Alpes-Maritimes 20 juillet / Cher Maurice Nadeau, Ne croyez pas qu'encore une fois j'avais renvoyé aux calendes grecques le petit travail dont je vous ai parlé. Simplement j'avais un texte à écrire, et puis j'ai à peu près tout refait ce que j'avais déjà presque terminé. À présent je suis content. Comme vous le verrez, c'est assez long et cela me paraît dépasser ce qu'on peut donner dans une revue. Si cela vous intéresse pour les Lettres Nouvelles, sans doute pourriez-vous en publier ce qui vous semble intéressant ? En principe cela fait partie d'un tout. Il y a donc pour prévoir l'ouvrage complet, deux autres parties. L'une consacrée à Dada et au Surréalisme (mais toujours d'un autre point de vue que celui de l'histoire). L'autre à l'après-guerre jusqu'à 1955. Peut-être pourrions-nous voir chez Julliard par la suite, au sujet d'une édition éventuelle ? Nous avons le temps d'en parler. En attendant je vous confie donc mon papier, cher Nadeau. J'aimerais certes que cela vous plaise ! Toutes mes amitiés et souvenirs, votre G. Ribemont Dessaignes".

LAS : "Saint-Jeannet Alpes-Maritimes 19 septembre 1957 / Cher Nadaud (sic), J'ai terminé, voici déjà quelques temps, l'ouvrage dont vous avez publié une partie dans les Lettres Nouvelles, et toutes ces semaines-ci, j'ai tapé dans bien que mal ce qui concerne Dada, le Surréalisme, et l'après-guerre. Je suis en train de faire de même pour une partie sur l'art abstrait, et n'en ai pas pour très longtemps avant que ce soit fait... Il y a aussi trois chapitres moins importants l'un spécialement sur le cas Picasso, un autre sur la nature-morte, (comme problème spécial millet à l'abstrait) et un sur la musique actuelle (dite concrète). Je voudrais bien faire un sort à ce travail, et pour diverses raisons serais même assez pressé de le caser. C'est pourquoi, comme nous en avions vaguement parlé, je viens vous demander si cela vous intéresse, si il y aurait des chances dans la maison, soit chez Julliard (je suis, je crois assez bien avec lui), soit chez Laffont, soit ailleurs. Votre avis sera bon. Sinon, je verrai tout de suite autre part. Titre : "Rétrovisions ou 50 ans d'avant-garde" si vous jugez que cela a des chances de votre côté. Voulez-vous me le dire ? Je vous enverrais alors ce qui est prêt. Et vous auriez le reste avant peu. Je vais à Paris d'ailleurs dans la première quinzaine d'octobre. Mais j'aimerais déjà m'occuper de cela. Merci. Excusez-moi de vous ennuyer peut-être, mais votre gentillesse habituelle fera que vous me pardonnerez ! En attendant le plaisir de vous voir - et auparavant de vous lire - je vous envoie mes meilleures amitiés, G. Ribemont Dessaignes".

LAS : "Saint-Jeannet Alpes-Maritimes (06) 16 décembre 1966 / Cher ami, Il y avait bien longtemps que je ne savais plus rien de vous. Après la disparition des Lettres Nouvelles, j'ignorais comment vous atteindre, d'autant moins que n'allant pas très souvent à Paris, et étant de temps à autre plus ou moins souffrant de mes sales vieilles bronches, je n'avais pas trop de moyens de me renseigner. Or dernièrement, allant à Paris, pour la sortie de mes "Poèmes" chez Seghers, et de mon "Théâtre" chez Gallimard, j'ai eu entre les mains tout à fait par hasard, au bistrot en bas de chez moi, un numéro de la Quinzaine Littéraire. Ce n'est qu'au numéro d'après que j'ai réussi à faire venir ici, que j'ai vu votre nom. Et cela m'a réjoui. Mais mon voyage à Paris a été si fatigant pour moi, que j'ai été un peu malade en rentrant - le cœur qui allait vraiment trop vite. Enfin, tout ceci pour vous dire que maintenant je ne manque pas un numéro de la Quinzaine. Et que j'aimerais bien qu'on dise deux mots de mes livres dans cette publication qui - avec le Nouvel Observateur - est vraiment la seule qui me remplisse de plaisir. Encore que l'observateur ait parfois des lubies imprévisibles. Cher ami, je parle de moi, et de mes affaires (la vie n'est pas facile à cet âge : 82 1/2 ! car je suis obligé de faire des choses pour la radio, afin de vivre encore un peu - autant que faire se pourra !). Donc je parle de moi, mais j'aimerais savoir ce que vous devenez, ce que vous faites, si vous êtes bien avec la vie ? Donnez-moi de vos nouvelles, je vous en prie, cela me fera grand plaisir, croyez-le, je le dis bien sincèrement. Et là-dessus je vous serre la main et vous assure de ma vieille amitié, G. Ribemont Dessaignes".

LAS : "Saint-Jeannet (06) 28 octobre 1969, Cher Nadeau, Je suis heureux de reprendre contact avec vous, depuis si longtemps que je ne vous ai vu. La vieillerie est là !... Je ne vais plus à Paris - mais je travaille tout de même, malgré les ennuis de santé de moi et de ma femme. Vivre... Il faut vivre, c'est-à-dire travailler! Ceci dit, beaucoup d'amis m'ont dit : pourquoi ne faites-vous pas rééditer "Déjà jadis" depuis si longtemps qu'on ne peut le trouver. Tout de suite j'ai pensé à la chère vieille NRF, et j'ai demandé à mon ami Max Papart d'aller à la NRF consulter Queneau au sujet d'une réédition possible après avoir ajouté deux chapitres concernant les temps présents. Je ne savais pas que vous étiez vous aussi à la NRF, et je suis très heureux de cela, car je pourrais reprendre contact avec vous. Alors voilà : est-il possible de rééditer Déjà jadis à la NRF ? Ce serait vraiment pour moi une grande joie. Je vous le demande bien simplement, et vous remercie si vous voulez bien examiner cette possibilité et en faire une réalité, ce qui serait le comble de la joie ! Merci, cher ami, en tout cas de vous intéresser un peu à celui qui bien souvent s'est demandé où vous étiez et ce que vous pensiez. Mais je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps et je vous envoie toutes mes amitiés, G. Ribemont Dessaignes".

LAS : "Saint-Jeannet (06) 30 novembre 1969 Cher ami, J'ai reçu votre lettre et vous remercie. Vous avez sans doute raison. Mais les circonstances ne sont plus les mêmes. Quand, le livre a paru, Dada et le Surréalisme étaient maudits ! Alors qu'aujourd'hui ! On m'a joué mes pièces, dont L'Empereur de Chine, en Suède, en Italie, et je ne sais plus où. On vient de m'apporter l'Italie une édition de théâtre dada. Etc. Mais je pense que puisque Gallimard m'a déjà édité plusieurs choses, ce ne serait pas mal que Déjà jadis, augmenté de deux chapitres, reparaissent aussi rue Sébastien Bottin. Il n'empêche que puisque je vous ai "retrouvé" (Dieu sait pendant combien d'années j'ai acheté les Lettres Nouvelles à Vence quand j'y allais flâner devant le libraire), je voulais vous demander si vous accepteriez de publier dans les LN trois ou quatre poèmes que j'ai écrit sur les Américains dans la Lune (ou To be or not to be). Je vous demande cela à vous en premier, puisque je suis très heureux de renouer des relations amicales avec vous. En tout cas en ce qui concerne Déjà jadis je vais écrire un Queneau; je croyais, lorsque j'ai commencé à m'occuper de cela, grâce à mon ami Max Papart, que vous étiez entièrement chez Gallimard. Je suis heureux de ces circonstances qui m'ont permis de pouvoir converser avec vous. Je ne savais plus ce que vous étiez devenu, ni ce qu'étaient devenues les Lettres Nouvelles. Voilà, cher ami. Merci de m'avoir écrit. Merci, si vous pouvez vous intéresser aux dits poèmes (ils ne sont pas encore fignolés ni tapés!). Mais si cela ne vous convient pas, je vous en prie, ne vous gênez pas, je ne vous en voudrais pas. À mon âge ce qu'on appelle la philosophie a pris un tour sans aucune acrimonie de caractère. Cher Nadeau, je vous serre affectueusement la main, en souvenir des jours anciens. Ah! S'il revenaient! Votre ami G. Ribemont-Dessaignes".

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