VIAN (Boris)

Notes Intimes

s.d. [début des années 1950]

Tapuscrit de 16 pages sur 16 feuillets de 26,7 x 21 cm

Important tapuscrit de ces notes autobiographiques, pensées intimes et anecdotes éparses, rédigées par Boris Vian au début des années 1950, dans son style caractéristique mêlant humour et mélancolie.

En introduction, Boris Vian expose les raisons de la rédaction de ces notes intimes : « Expliquer ça ou autre chose. Expliquer pourquoi j’ai 31 ans. Pourquoi je ne pouvais pas me décider à commencer. Pourquoi j’ai commencé tout de même…».

Il poursuit en évoquant la forme retenue : « Mais ça va être horriblement embrouillé. Je sais que quand ça sera fini je le donnerai à lire à Queneau […] Je voulais écrire cela en bon style. Un genre Adolphe. C’est pas très difficile. Ça m’a fait trop rire de voir que Guy Dumur faisait des fautes de concordance des temps, je crois même des barbarismes affreux, dans Les Petites Filles Modèles. Je ne riais pas pour me moquer de lui, je riais parce que personne ne lui avait dit. Il faut dire les chose aux gens. Ça les aide. Julien Gracq aussi, il a fait des gratinées. Mais je reviens à Adolphe. Ce livre là, ça ne sera pas Adolphe. Ça sera plutôt un monstre. Un de plus. Un monstre j’aime »

Boris fait ensuite part de ses goûts littéraires : « Adolphe […] c’est un des seuls livres classiques que j’ai eu la veine de lire tard. On me l’a pas pourri à l’Ecole ; ça m’a plu, formidable. Tandis que Racine, Corneille, les schnocks, même Molière, ils me barbent. […] Et même maintenant, avec la pondération de l’âge mûr, je crois qu’à côté d’Adolphe, tout ça c’est de la rigolade. Adolphe, Le Docteur Faustroll, Un Rude hiver, La Colonie pénitentiaire et Pylone. C’est mes cinq grands à moi, à 13, 14 j’aimais bien Rabelais. Encore maintenant. Mais c’est sûrement censuré. Je voudrais le texte intégral. […] j’en ai oublié un. La Merveilleuse visite de Wells. Deux. Aussi La Chasse [au Snark]. ».

Il évoque ensuite son entrée en littérature: « J’avais attendu d’avoir 23 ans pour écrire. […] Ensuite, j’ai essayé de raconter aux gens des histoires qu’ils n’avaient jamais lues. Connerie pure, double connerie. […] je n’ai pas raconté mes amours dans mon premier roman, mon éducation dans un second, ma chaude-pisse dans un troisième, ma vie militaire dans un quatrième ; j’ai parlé de trucs dont j’ignore véritablement tout. ».

Suivent, au gré des pages, des considérations sur des personnalités contemporaines du monde des lettres (Queneau, Céline («C’est drôle je ne me sens pas influencé par Céline »), Gaston Gallimard (les cocktails de la rue Sébastien-Bottin) et Sartre (« La préface des Œuvres de Genet par Sartre c’est une histoire imaginaire de Sartre pédéraste ») ainsi que de nombreux souvenirs plus personnels (les vacances à Landemer dans le Cotentin, son père, les surprises parties organisées dans la salle de bal au fond du jardin à Ville d’Avray, ses premiers flirts, l’Ecole Centrale à Angoulême, une dizaine de jours à Saint-Jean de Mont en 39, l’été 40 durant l’exode de Bordeaux au Cap Breton, le retour à Ville d’Avray et Paris occupé).

Rare document provenant des archives de Noël Arnaud, l’auteur des Vies parallèles de Boris Vian (revue Bizarre n°39-40, février 1966), ouvrage dans lequel figurent des extraits de ces notes intimes.

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